CONCLUSION
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Où ce fil rouge m’a-t-il conduite ?
Il a tissé la matière de ce travail.
Fil d’Ariane, dévidé dans le labyrinthe, dans la confusion d’une matière vivante qui toujours échappe à la pure maîtrise rationnelle, il laisse derrière lui une empreinte de son passage, non plus pour revenir en arrière ni pouvoir s’adonner au ressassement du même. Au contraire, il donne la chance de refaire le chemin, d’abandonner les ténèbres et retrouver l’air libre. Fil qu’on enroule, guide qui reconduit à la lumière une fois qu’on est venu à bout du monstre du dedans.
Fil rouge qui a brodé l’imagerie inquiétante de l’invisible du corps.
Fil rouge qui a relié les bols nourriciers.
Fil rouge qui a dessiné au point de croix les contours de mon corps.
Fil rouge, sérum de vie, qui a relié les vivants aux morts.
Fil rouge qui s’est employé à suturer les déchirures.
Fil rouge gazeux des ballons prisonniers et suffocant.
Fil rouge retenant le réseau des amitiés.
Fil rouge du filet recueillant les lettres éparses des mots, toujours à écrire.
Fil rouge qui retient la pesante sphère métamorphosée en plume légère par la grâce de son reflet.
Voilà le parcours effectué, ponctué, jalonné par ces réalisations. Empreinte qu’à mon tour, je laisse derrière moi au terme d’une année de travail. Sillon fertile ? Fardeau déposé au terme du chemin, qui s’envole tel une plume ?
Guidée, autorisée par les artistes-phares qui m’ont accompagnée, j’ai accompli une traversée. Le bagage était bien pesant au départ… ll m’a fallu, pour poursuivre, faire le tri, me délester.
J’ai sans doute consigné, là, l’histoire d’un délestage, d’un pas fait vers plus de liberté.
Oui, l’art est bien un agent perturbateur du réel.
Je sais que le voyage n’a fait que commencer.